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La flambée des prix des carburants depuis le début, en février 2022, de la guerre en Ukraine rappelle inlassablement l’importance du développement de l’énergie verte pour l’indépendance énergétique du Maroc. Grâce à la vision clairvoyante du S.M. le Roi Mohammed VI, le Maroc a fait très tôt son choix stratégique de l’énergie verte pour développer ses ressources naturelles abondantes et asseoir un véritable développement durable.

Il a un avantage inestimable. Le coût de revient de ses énergies renouvelables figure parmi les plus compétitifs au monde. Le Maroc a ainsi lancé, dès la fin de la décennie 2000, une politique visant à renforcer sa sécurité d’approvisionnement de l’énergie à travers un plan solaire (2009) et un plan éolien (2010), basés principalement sur la montée en puissance des énergies renouvelables (ER). Il a élaboré, en outre, une stratégie nationale propre à l’efficacité énergétique à l’horizon 2030, puis a créé un certain nombre de “clusters”, groupements d’experts et d’industriels facilitant le développement de leur filière.

En 2014, le cluster solaire a vu le jour. Sept ans plus tard, le cluster green H2A a été mis en place afin de promouvoir la filière hydrogène vert au Maroc, dont le potentiel pourrait combler les besoins de l’Europe dans un avenir proche. La question du financement est sans doute le point dorsal de transition énergétique. La finance verte a annoncé une véritable rupture avec la finance conventionnelle, par des instruments financiers dédiés, notamment les green bonds, émis pour la première fois sur le marché en 2007 et concrètement exploités neuf ans plus tard.

C’était en 2016, année où le Maroc a accueilli la COP22 à Marrakech. Cette grand-messe internationale a contribué à la naissance de la feuille de route du secteur financier pour le développement durable. Aujourd’hui, 1% seulement des green bonds mondiaux sont destinés au Maroc, représentant quelque 4 milliards de dirhams (MMDH) en 2021. Toutes choses égales par ailleurs, le Royaume accapare 35% des green bonds du marché africain.

En dehors des institutions publiques (CDG Capital, Tamwilcom…), la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et le Fonds vert pour le climat (FVC) investissent aussi dans l’économie verte du pays, dans le cadre du programme “Green Economy Financing Facility” (GEEF). Ils accordent des prêts aux banques locales, ce qui permet aux porteurs des projets de bénéficier d’une subvention pouvant atteindre 15%. Par ailleurs, un certain nombre de nouvelles lignes de financement ont été mises en place afin d’assurer la pérennité de l’économie verte.

Le 9 février 2022, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a promis un investissement de 1,6 MMDH (MMDH). La récente visite de S.M. Mohammed VI aux Émirats arabes unis a permis de jeter les bases du financement des secteurs des énergies renouvelables et de la production de l’hydrogène vert et de ses dérivés. Dans la même lignée, l’Agence marocaine pour l’énergie durable (MASEN) a conclu un partenariat avec le FVC le 4 décembre 2023 visant à accélérer le financement de projets verts au Maroc.

Pour sa part, la Banque africaine de développement (BAD) se prépare au lancement d’une première “green bank” (banque verte) au Maroc avant la fin du mois de décembre 2023. C’est dire que la dynamique du financement vert atteint une vitesse supérieure. Mais on est loin encore du compte. 78 milliards de dollars, c’est le montant total des investissements nécessaires pour ancrer solidement le Maroc sur une trajectoire de résilience et bas carbone à l’horizon 2050, selon un récent rapport de la Banque mondiale.