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La décarbonation n’est plus un choix ou un outil marketing mais plus un devoir pour les entreprises en vue d’une croissance durable. En marge de la 31e Assemblée générale de la BERD qui s’est tenue récemment à Marrakech, Société Générale Maroc a organisé une rencontre avec ses clients pour les sensibiliser aux avantages de l’économie verte. Ces arguments ont été d’ailleurs mis en évidence durant cette crise ukrainienne qui selon, François Marchal, Directeur Général de Société Générale Maroc, a perturbé les chaînes de valeur mondiales et entraîné dans son sillage une flambée sans précédent du coût de l’énergie.

EcoActu.ma : Société Générale Maroc est l’une des premières banques à lancer en partenariat avec la BERD, l’offre financière « Green Value Chain », quel bilan dressez-vous aujourd’hui ?

François Marchal : Pour nous, le bilan est à trois niveaux. Le premier niveau est un moment fédérateur pour nos équipes permettant une sensibilisation de nos équipes aux enjeux environnementaux en mettant lesdits enjeux au centre du dialogue avec les clients. Grâce à l’assistance technique de la BERD, une centaine de nos commerciaux ont bénéficié de la formation pour comprendre les dessous de la GVC et être capables de les présenter à la clientèle afin de pouvoir identifier les opportunités qui s’offrent dans le marché.

Le second niveau est d’ordre quantitatif. Aujourd’hui, plus d’une trentaine de projets financés sont des projets soit d’économie d’énergie, soit d’implémentation des énergies renouvelables, soit même d’extension de capacités avec un impact environnemental réduit par rapport à ce qui se faisait auparavant. Il s’agit de projets à la fois d’économie et de croissance des entreprises présentes dans les chaînes de valeur mondiale qui s’adaptent aux contraintes du marché et de leurs donneurs d’ordre.

C’est pour dire que c’est un bilan économique et environnemental important aussi bien pour la banque que pour le Maroc. 20 millions d’euros sont déployés et sur chaque projet, plusieurs dizaines de tonnes de CO2 sont évitées chaque année.

En matière de sensibilisation, la banque a sensibilisé nos équipes et aidé nos clients à se mettre aux standards de compétitivité. Ils sont désormais conscients que l’économie durable n’est plus un choix marketing mais plus une nécessité. La crise en Ukraine et la flambée du coût de l’énergie rendent encore plus déterminante cette nouvelle approche d’énergies renouvelables.

SG Maroc accompagne les entreprises aussi bien en matière d’atténuation que d’adaptation.
La banque dispose-t-elle d’indicateurs pour évaluer l’impact de ses actions sur l’environnement ?

La banque suit l’ensemble des nouveaux projets qu’elle finance et dispose pour chaque projet financé d’une évaluation environnementale. Aujourd’hui, la banque le fait également sur les portefeuilles existants pour comprendre leurs structures, ce qu’il faut améliorer…

La banque évalue par ailleurs aussi bien les risques environnementaux (sécheresse,
catastrophes naturelles…)que financiers pour prioriser son accompagnement parce que nous finançons des projets à long terme et il est de notre devoir en tant que banque de jauger le risque financier.

Nous sommes presque à la veille de la date fatidique de l’instauration de la taxe carbone
par l’UE soit en janvier 2023. Partant de vos clients, le tissu économique marocain est-il sur
les rails de la décarbonation ?

Il faut rappeler qu’il ne s’agit pas d’un mouvement qui peut se faire du jour au lendemain et voir tout le monde basculer vers la décarbonation tel un big-bang. En revanche, la prise de conscience doit se faire dès maintenant. Les premiers aspects réglementaires vont entrer en vigueur en 2023, 2025 et puis 2026, 2027 sur le marché européen. Donc si nous voulons que nos clients soient prêts, les décisions doivent se prendre aujourd’hui parce que l’implémentation peut prendre jusqu’à trois ans.

Nous pouvons évoquer également la neutralité carbone à l’échéance 2030. Donc si nous voulons atteindre ces objectifs et respecter les échéances, il faut s’y préparer dès maintenant pour inverser les courbes en matière d’émission de CO2.

Est-ce qu’il vous arrive à la Société Générale de refuser des crédits à des entreprises polluantes ?

Effectivement. La SG Maroc a une politique d’évaluation d’impact sur chaque financement. Donc si l’impact environnemental n’est pas respecté, le financement est refusé. Aussi, dans notre politique sectorielle, une sélection est effectuée dans la mesure où nous ne travaillons plus avec des industries liées à l’extraction du charbon, la production électrique… Le portefeuille de la banque a subi de réels changements.

Il y a quelques jours, un Mémorandum d’entente lié à la Circulaire relative aux risque
climatiques a été signé entre la BERD, BAM et la CGEM, qu’est-ce que cela implique pour
vous en tant que banque ? Un changement de process est-il envisageable ?

Il y a quatre volets fondamentaux : gouvernance, accompagnement de la mesure et du reporting, application de nouveaux standards et les stress tests.

Ces quatre volets sont importants pour la pérennité de la stabilité du système financier marocain. Notre groupe est déjà aligné sur un certain nombre d’éléments. Mais avec cette signature, un dialogue sera désormais instauré entre l’ensemble des acteurs et avec la présence de la Banque Centrale et du GPBM, une approche commune sera adoptée. Autrement dit, une logique marchée va s’installer et sera louable pour tout le monde.