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Décarbonation : La BERD accompagne les exportateurs marocains

A l’aube d’un pacte vert entre le Maroc et l’UE

Dans le contexte actuel, plusieurs pays dans le monde s’orientent vers la décarbonation. C’est le cas plus particulièrement des pays de l’Union européenne. L’UE s’est dotée d’un pacte vert pour répondre aux défis climatiques et environnementaux. Elle ambitionne d’atteindre une neutralité climatique d’ici 2050. Cela inclut la mise en place de mesures contre les fuites de carbone et implique également le lancement d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières.

Par conséquent, cette démarche constitue un enjeu de taille pour les entreprises exportatrices marocaines qui doivent s’adapter à cette nouvelle donne. Pour y voir plus clair, l’ASMEX a organisé le 2 février 2021 en partenariat avec la BERD un webinaire sur le financement de la Green Value Chain de la BERD sous le thème «Décarbonation et compétitivité à l’export». L’objectif étant de sensibiliser les entreprises marocaines exportatrices aux différents aspects de ce processus, notamment l’intégration des chaînes de valeur dans la décarbonation et de présenter les recours de financement offerts par la BERD.

Garder un tour d’avance

S’engager dans la chaîne d’approvisionnement verte s’impose pour rester compétitif. «Aujourd’hui les possibilités de financement existent pour pouvoir aller de l’avant, j’exhorte les exportateurs à prendre au sérieux ce sujet pour ne pas se retrouver demain en perte de compétitivité sur les marchés de leurs exportations», relève Philippe Edern Klein, président de la Commission Europe de l’ASMEX, à l’ouverture de cette rencontre en ligne. Pour sa part Said Mouline, DG de l’AMEE, a relevé que «65% de nos exportations vont vers l’Europe et actuellement l’Europe est en train de préparer dans le cadre du Green Deal une taxe carbone aux frontières.

Toutes les entreprises marocaines seront concernées et je crois qu’aujourd’hui c’est une opportunité parce que non seulement on peut décarboner notre industrie mais en même temps grâce à cette révolution des énergies renouvelables nous pouvons baisser les factures énergétiques et rendre plus compétitives ces entreprises» précisant que c’est une réelle opportunité économique qui va donner encore plus d’atouts pour l’exportation de nos produits marocains en termes de coûts. Il a également mis l’accent sur la volonté politique du Maroc de recourir à l’économie verte et suivre la voie de l’efficacité énergétique rappelant le passage de l’AMEE récemment sous la tutelle du ministère de l’industrie, de l’économie verte et du numérique. Said Mouline a également évoqué le programme Tatwir d’appui à la décarbonation pour soutenir la croissance verte des PME. En attendant de se fixer sur la taxe carbone aux frontières au niveau européen, une certification avec Imanor est en cours d’étude au Maroc pour permettre aux entreprises d’être accompagnées et pour que ce bilan carbone soit reconnu aussi au niveau international lorsque celles-ci souhaitent exporter.

L’UE et le Maroc convergent vers l’économie verte

Entre l’Union européenne et le Maroc, les points de vue sur les questions climatiques se rejoignent. C’est ce qu’a confirmé Sandrine Beauchamp, Section Compétitivité économique, Environnement & Infrastructures – Délégation de l’Union européenne au Maroc, qui a souligné par la même occasion qu’aujourd’hui, «il est plus que jamais impératif que le monde accélère sa transition vers une économie globalement plus verte, la plus neutre possible au niveau de ses impacts environnementaux et permettant d’assurer un avenir aux futures générations».

La responsable a expliqué que les transitions écologiques respectives de l’Europe et du Maroc ne pourront être pleinement performantes que si chaque voisin immédiat prend des mesures efficaces. «Nous sommes à l’aube d’un pacte vert en cours de négociation entre l’Union européenne et le Maroc justement afin d’unir nos efforts pour lutter contre le changement climatique global et ce pari nécessite que de part et d’autre les forces locales soient mobilisées et entrent en jeu», indique-t-elle sans manquer de souligner le soutien de l’UE en faveur de la compétitivité des exportateurs à travers plusieurs programmes de cofinancement et facilités d’investissement.
La finalité étant de renforcer les chaînes de valeur à l’export. S’orienter vers des processus verts afin de décarboner ses produits en faisant réduire leur empreinte d’émission carbone signifie dans ce sens d’aller vers des technologies nouvelles souvent plus chères, d’où la nécessité de les subventionner.

Financement vert de la BERD au Maroc : 360 millions d’euros d’ici 2025

La BERD aura financé d’ici fin 2025 au total 360 millions d’euros de lignes de financement vert au Maroc. Globalement, le modèle de financement vert de la BERD fournit des lignes de crédits aux institutions financières partenaires locales cherchant à développer de manière durable leur activité «finance verte». Ces banques prêtent aux PME, aux grandes entreprises et aux particuliers. L’objectif étant de financer des projets d’efficacité énergétique, des projets d’énergies renouvelables, des projets de gestion d’eau et des traitements des déchets et ce avec l’accompagnement des équipes de consultants. A cela s’ajoute une subvention à l’investissement financé par l’UE (10% du montant total de l’investissement) qui est versée aux bénéficiaires des crédits après vérification du projet. Pour ce qui du GEEF qui est la dernière offre de financement vert de la BERD, ce package intégré compte 163 millions d’euros alloués au Maroc (18 millions d’euros financés par l’UE).