François Marchal, directeur général et membre du directoire de Société Générale Maroc, revient sur les opportunités et enjeux de compétitivité économique, de la construction d’une économie durable, à basses émissions carbone. Il est également question du rôle central à jouer par les banques et les investisseurs pour accompagner l’ensemble des acteurs afin de converger vers les trajectoires de décarbonation fixées par les accords de Paris et la COP 26.
ALM: La Société Générale est un acteur financier mondial. Quelle opportunité offre la décarbonation pour le secteur de l’industrie notamment au Maroc?
François Marchal: Elle présente plusieurs opportunités et est surtout un enjeu de compétitivité économique, tout en adressant les impératifs de construction d’une économie durable, à basses émissions carbone et résiliente aux changements climatiques.
Relever les défis de la décarbonation et de la croissance durable nécessite d’investir dans des dispositifs d’optimisation de la production avec un impact environnemental positif, principalement par des économies d’énergie, d’eau ou de tout autre matière, mais aussi par une transition vers les énergies renouvelables. Ces investissements, qui sont des opportunités de maîtriser ses coûts à moyen terme, facilitent également la capacité des entreprises industrielles marocaines à accéder aux grands marchés mondiaux, tout en renforçant leur capacité à répondre aux exigences environnementales de ces marchés, qui sont de plus en plus draconiennes.
En matière de décarbonation et de financements verts, le Groupe Société Générale a initié une stratégie volontariste et responsable, consistant à accompagner ses clients dans leur transition énergétique tout en réduisant progressivement ses activités liées aux énergies les plus carbonées, avec un engagement d’accompagner 300 milliards d’euros d’investissements dans la transition énergétique à travers ses différentes offres (prêts, émissions obligataires, conseil en levée de fonds…).
Comment les milieux financier et bancaire peuvent-ils accompagner cette nouvelle marche de l’industrie vers une production plus propre et décarbonée?
Les banques et les investisseurs ont un rôle central à jouer pour accompagner l’ensemble des acteurs afin de converger vers les trajectoires de décarbonation fixées par les accords de Paris et la COP 26. C’est un enjeu citoyen, qui répond également à la nécessité d’aligner nos intérêts avec ceux de nos clients dans la logique de partenariat qui prévaut lorsque l’on finance des investissements sur des durées pouvant dépasser 10 ans ou que l’on investit dans les instruments d’un émetteur.
La capacité de nos clients à faire face aux risques climatiques et à répondre aux trajectoires de décarbonation est essentielle dans le maintien dans la durée de leur performance. Et la responsabilité du secteur bancaire et financier est de favoriser l’orientation de l’épargne vers les acteurs qui prennent en compte ces facteurs environnementaux.
La décarbonation peut-elle devenir un élément catalyseur pour le développement de la finance verte au Maroc?
Cela est certain. J’en veux pour preuve le succès du dispositif Green Value Chain, que Société Générale Maroc a été la première à introduire au Royaume en partenariat avec la BERD. Ce dispositif a joué un véritable rôle de catalyseur d’investissements, permettant à des PME nationales de s’inscrire dans les chaînes de valeur mondiales grâce à un financement et un accompagnement technique qui permet un cadrage précis des projets.
Est-ce que les banques notamment la Société Générale ont déjà anticipé cette nouvelle manière de faire produire basée sur la décarbonation?
Société Générale Maroc est la pionnière du secteur en matière de financements verts, étant, comme je l’ai cité, la première banque à implémenter le dispositif Green Value Chain au Royaume, en partenariat avec la BERD.
Globalement, notre ambition est d’être leader en alignant nos portefeuilles sur les trajectoires de décarbonation tout en proposant à nos clients des solutions de financement à même d’accélérer leur transition énergétique ou de développer des dispositifs décarbonés. Notre second objectif est de favoriser l’investissement responsable pour assurer la durabilité de la performance de nos clients.
A ce titre, Société Générale Maroc érige la finance responsable en objectif transversal et fédérateur en intégrant les risques environnementaux et sociaux au cœur des opérations d’analyse et d’accompagnement de nos clients, pour une meilleure appréhension des impacts potentiels.
Sogecapital Gestion est par ailleurs la première société de gestion au Maroc à avoir signé les Principes d’investissement responsable de l’ONU (UNPRI).
Quel avenir pour le secteur des finances dans un monde de plus en plus soucieux de la production propre et décarbonée?
Cette transition nécessite l’accompagnement des acteurs économiques et représente des besoins d’investissements considérables. Dans un monde où tout s’accélère, c’est une incitation à se repositionner sur le temps long. Au sein de Société Générale Maroc, notre stratégie intègre pleinement cet enjeu, tant dans les opérations que nous montons avec nos clients que dans la montée en compétences de nos équipes et la réduction de l’empreinte de notre activité propre.
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