Société Générale (SG) Maroc a reçu, le 10 mai à Marrakech, le «Sustainability Gold Award for Financial Intermediaries», délivré par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Pour François Marchal, son directeur général, le financement du développement durable est érigé au rang de priorité stratégique au sein de la banque marocaine. C’est également une préoccupation majeure pour ses clients, qui ont exprimé un besoin fort d’accompagnement et de financement sur ce volet, afin de renforcer notamment leur positionnement au sein des chaînes de valeur mondiales.

Le Matin : Société Générale Maroc vient de remporter le «Sustainability Gold Award for Financial Intermediaries» de la BERD. Que représente pour vous cette distinction ?

François Marchal : Cette distinction est une reconnaissance de notre engagement pour accompagner nos clients dans leur transition vers une économie durable et verte. Un engagement qui repose sur des valeurs citoyennes ainsi que sur la logique de partenariat qui prévaut avec nos clients et l’expertise de nos ressources, dans chaque aspect de notre métier de banquier.

Société Générale Maroc est l’une des principales banques partenaires de la BERD pour le renforcement du financement vert au Maroc. Quels sont les objectifs de ce partenariat ?
Le financement du développement durable, notamment dans sa composante relative à la transition énergétique, est érigé au rang de priorité stratégique au sein de Société Générale Maroc. C’est également une préoccupation importante pour nos clients, qui ont exprimé un besoin fort d’accompagnement aussi bien sur le volet de la conception technique des projets qu’en matière de financement. L’objectif principal de notre partenariat avec la BERD est d’accélérer les décisions d’investissement et la concrétisation de projets à impact environnemental positif par les entreprises marocaines. Ce partenariat novateur, qui se démarque d’une approche classique de financement, se traduit par un dispositif d’accompagnement ainsi qu’un ensemble d’incitations destinées à renforcer la compétitivité des entreprises marocaines, de manière pérenne.

En effet, dans la logique de partenariat à long terme que nous bâtissons avec nos clients, il est essentiel à nos yeux de favoriser leur adaptation aux défis à venir afin d’assurer leur compétitivité et leur résilience, qui demeurent tributaires d’une optimisation des coûts ainsi que d’un accès sécurisé aux grands marchés mondiaux – dont les exigences environnementales sont de plus en plus rigoureuses. L’enjeu climatique est crucial et le Royaume a pris des engagements forts en la matière, en s’inscrivant dans une dynamique mondiale. C’est également une réelle opportunité pour les entreprises marocaines, en faveur du renforcement de leur positionnement au sein des chaînes de valeur mondiales. L’actualité récente et les conséquences de la guerre en Ukraine attestent avec force de la nécessité de réduire notre dépendance aux hydrocarbures, en développant des approches frugales en termes de consommation des matières premières.

Jusqu’ici les deux institutions se sont associées pour deux programmes : Green Value Chain (GVC) et tout récemment GEFF. Que propose SG Maroc comme solutions pour les clients à travers ces deux dispositifs ?
Nos équipes commerciales Entreprises ont été formées aux enjeux et aux solutions de transition énergétique, ce qui leur confère la capacité d’identifier, avec nos clients et prospects, leurs besoins en la matière et les opportunités qu’ils peuvent saisir, ainsi que leur éligibilité aux programmes que nous déployons avec la BERD. Afin de satisfaire au mieux les besoins d’accompagnement technique et financier des entreprises marocaines, SG Maroc et la BERD proposent des solutions complètes comprenant une assistance technique sur ces problématiques environnementales, prodiguée par des consultants experts dans leur secteur, ainsi qu’une subvention d’investissement qui permet de réduire significativement le coût de financement. Ce financement est ainsi structuré par nos équipes sur la base des hypothèses et investissements validés, sous forme de crédit bancaire ou de leasing via notre filiale Sogelease. Cette approche permet ainsi de mieux calibrer l’investissement tout en facilitant son financement et sa rentabilisation.

Quel bilan faites-vous pour le GVC, déjà mis sur le marché ?
Dans le cadre du programme Green Value Chain, doté d’une enveloppe de 200 millions de DH, nous avons accompagné plusieurs dizaines de PME marocaines dans leurs investissements destinés à moderniser leurs installations ou à augmenter leur production, tout en limitant l’impact environnemental de leurs activités. L’ensemble des secteurs de l’économie est concerné, de l’agro-alimentaire à l’industrie chimique et pharmaceutique en passant par l’ameublement. Ce programme a permis d’accélérer la prise de décision d’investissement par les chefs d’entreprises, en les rassurant quant à la pérennité de leur projet et le caractère soutenable du financement qui l’accompagne. Les retombées environnementales sont très importantes, chaque projet concrétisé permettant d’éviter plusieurs dizaines de tonnes d’émissions de CO2. La pertinence de ce modèle d’accompagnement nous a d’ailleurs conduits à poursuivre le partenariat avec la BERD au travers de la ligne Green Energy Financing Facility (la Banque a signé début 2022 un nouvel accord financier avec la BERD d’une valeur de 25 millions d’euros, portant sur la ligne GEFF au profit des entreprises marocaines, ndlr).
Globalement, comment Société Générale Maroc aligne-t-elle ses portefeuilles de crédit et d’investissement sur les objectifs de la transition verte et durable ?
Le groupe Société Générale s’est engagé depuis de nombreuses années à réduire l’empreinte environnementale des projets qu’il finance, notamment à travers l’application des Principes de l’Équateur. Il s’est aussi engagé à adapter son portefeuille d’activités et de financements pour l’inscrire dans la trajectoire de limitation du réchauffement climatique à 1,5°. Le Groupe est également l’un des membres fondateurs de la «Net Zero Banking Alliance» de l’UNEP-FI, qui prévoit d’atteindre la neutralité carbone des portefeuilles en 2050. Ces engagements Groupe se traduisent principalement de deux manières au sein de Société Générale Maroc. D’une part, l’analyse systématique des impacts environnementaux et sociaux de tout financement de projet, avec le retrait progressif de certaines activités – comme le charbon, dans le cadre des politiques sectorielles. D’autre part, Société Générale Maroc renforce de plus en plus le financement de projets à fort impact environnemental positif, tout en développant une solide expertise sur ces thématiques au bénéfice de nos clients.

En quoi la prise en compte des critères ESG représente-t-elle un défi pour le secteur bancaire ?
La prise en compte des critères sociaux et environnementaux par les banques est essentielle à deux titres. Il s’agit d’abord d’un levier majeur d’orientation pour les acteurs économiques, complémentaire de réglementations de plus en plus rigoureuses. C’est également une attente forte exprimée aussi bien par les citoyens que par les gouvernements, dans le monde entier. La prise en compte des critères ESG suppose effectivement pour les banques de modifier radicalement certaines approches, et d’innover pour faciliter l’adhésion de nos clients et l’adoption de moyens de production plus favorables à l’environnement et aux intérêts des populations. Préparer l’avenir avec nos clients, c’est la quintessence même du métier de banquier.

Quels sont vos projets relatifs au financement vert au Maroc ?
Dans le cadre de la poursuite du programme stratégique «Grow with Africa», nous nous sommes fixé un objectif à l’horizon 2025 de doublement de nos financements à impacts positifs, au sens des Nations unies. Pour ce faire, nous allons poursuivre le déploiement de partenariats et accompagner le financement de projets d’énergies renouvelables. Ce qui se traduit par la conception d’offres dédiées à certains secteurs prioritaires ainsi que des solutions techniques aisément duplicables, qui viendront consolider notre leadership en la matière.